Vacances d'un Lapurtar

Publié le par Moris Dia

Me voici à Arbonne, résidence d’été des évêques de Bayonne. Mon projet initial était de partir sur les traces du Senecio bayonnensis dont l‘endémicité est rapportée et aussi de me refaire une santé papale. Mais une femme et la météo ont perturbé ce programme.

 

Il a gelé cette nuit. Il est donc improbable que le taxon convoîté, fusse t-il rustique, bourgeonnat avant la fin des mimosas. Il n’y a que le camélia qui rivalise à cette époque. Les hindous le savent bien, mais pas moyen de localiser un hindou dans le village ni même un basque non évangélisé qui aurait osé la culture du thé. Chez Manusset peut-être ?

 

A 20H30, vendredi soir, j’ai rencontré Josette  dans la bibliothèque de l’entrée.  Josette Pontet, Madame, est Présidente de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne. Elle m’a tenu les deux mains jusqu’à quatre heures du matin avec son Histoire de Bayonne, Diaa. C’était dur au début. Il faut commencer lentement, acquérir le vocable, découvrir ses burgus, s’intéresser aux civitas au détriment des Tarbelles, s’imaginer des coalescences informes de bourgs aux rues tortueuses. Après ça va plus vite. Il y en a pour 300 pages. Si tu aimes les torpeurs antiques ou les secousse médiévales, c’est une expérience unique.

 

A 4H05, j’ai raccompagné Josette et songé à la benoîte d’Arbonne. Sa maison est si proche. Pas de lumières à la fenêtre. Tout est calme. Je retourne à la bibliothèque. Je tombe nez à nez avec le corsaire Danglade, un pote à Josette, flanqué d’Alfred Lassus ! N° 59 (2004) de la Revue d’histoire de Bayonne, du Pays Basque et du Bas-Adour. Il n’hésite pas. Il me balance en pleine poire son extrait de service du 6 Thermidor an 9. Un amitié naît, on se fait chauffer un petit talo et il me raconte la Babiole, l’Heureuse Rencontre, son 21 Frimaire an II sur la Résistance, comment il a pris d’assaut Thérèse Charlotte, les épousailles de sa fille. On a bien rigolé.

 

A 7H00, l’aube était rouge. J’ai enfilé un shorty en lycra et une intégrale 4/3 ; je me suis avancé vers le bassin de Neptune. C’est alors qu’un type est arrivé en camion avec une tronçonneuse pour la taille de printemps. Je me suis senti idiot, j’ai filé sous la douche puis suis retourné à la bibliothèque. Josette avait totalement chamboulé mon programme de vacances. Nous avons déjeûné ensemble au soleil. A 12H30, nous relevions 30°C au thermomètre du diocèse.

A peu près à la même heure, il y a cinquante ans, mourrait Charlie Parker. 

 

Publié dans Histoire

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